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Lotus Esprit V8 SE
Voiture essayée
Type Lotus Esprit Motorisation 3,5 l V8 biturbo 353 ch Niveau de finition V8 SE Catégorie coupé grand tourisme Conditions de l'essai
Date mars 2010 Essayeur Gipsy Origine de la voiture le véhicule appartient à l'essayeur depuis mai 2009 Première immatriculation septembre 1999 Kilométrage 86.000 km Conditions de l'essai 10.000 kilomètres parcourus en route, sur autoroute et en montagne
Habitabilité
L'Esprit est une stricte deux places avec un coffre relativement grand à l'arrière et un autre devant. Les garnitures sont en cuir ainsi que les sièges, plutôt typés confort. Ces derniers sont très confortables pour les longs trajets ; par contre mes 1,90 m rentrent tout juste. En largeur il y a beaucoup de place, grâce à la poutre centrale du châssis qui sépare les deux occupants ; au contraire de l'Elise où l'on est à touche-touche au niveau des épaules. Une boîte à gants, un espace de rangement sur la console centrale et entre les sièges... Voilà, c'est tout pour la modularité intérieure. On est loin d'un monospace (et heureusement !). Mais ce n'est pas ce que l'on recherche dans ce type d'auto.
Performances
Il s'agit du chapitre de choix pour une auto de ce type. L'Esprit est une GT... à la limite de la supercar de par sa conception et sa fabrication totalement manuelle. Quelques chiffres : 353 ch, 40 mkg à 4000 tr/min... 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes et surtout des reprises hallucinantes : de 80 à 120 km/h en troisième en moins de 3 secondes et le 80 à 180 km/h en 3e puis 4e en moins de 9 secondes !! Le V8 de 3,5 litres de cylindrée gavé par deux petits turbos pousse très, très fort. C'est une auto qui se conduit très cool, on se met en troisième ou en quatrième vitesse et ensuite on joue avec l'énorme élasticité du moteur pour avancer et doubler tout le monde au passage ;) Par contre, la boîte de vitesse est très lente ; il faut vraiment décomposer chaque mouvement et de plus il ne faut pas s'amuser à mettre pied au plancher en 1, 2 ou 5, sous peine d'exploser dans les plus brefs délais cette boîte de vitesse d'origine Renault, qui est dérivée de celle utilisée par Alpine sur ses A610 faisant 100 ch de moins... C'est une voiture plaisir, totalement déraisonnable dans ce qu'elle offre en performances moteur, surtout à notre époque. Mais quel pied !
Confort
L'Esprit est une des GT parmi les plus confortables de son époque. Les châssis Lotus se caractérisent par une grande rigidité qui supporte des suspensions plutôt souples, qui ne dégradent pas la tenue de route. Par contre, si quelqu'un roulait derrière une Esprit en pleine séance d'attaque en virage, il se poserait des questions à propos de ce "bateau". Extérieurement, il y a une grande prise de roulis, mais qui ne se ressent pas à l'intérieur. À l'intérieur, de beaux sièges tendus de cuir, réglables en longueur et en inclinaison de dossier. C'est tout. Il existe aussi une petite poire qui permet de gonfler ou dégonfler un coussin au niveau des lombaires. Mon auto étant une SE ("Special Equipment"), elle est équipée de toutes les options de l'époque : climatisation, autoradio K7 avec chargeur de CD, toit ouvrant vitré, intérieur full cuir et... c'est tout. Lotus est l'antithèse de Porsche au niveau des options. Chez Porsche, un annuaire ne suffit pas. Chez Lotus, tout tient sur une feuille (même si ceci a tendance à changer avec l'Evora).Je voulais une autre auto à coté de l'Elise pour pouvoir partir en week-end sans emporter mes bouchons d'oreilles et sans avoir à prendre rendez-vous chez le kiné au bout de 300 km de route. L'Esprit remplit complètement ce rôle de GT faite pour voyager. De plus, son niveau sonore est relativement contenu, le bruit du V8 n'étant pas très exubérant (contrairement à celui de certaines italiennes ou américaines.). Ce qui fait le plus de bruit sur mon auto, ce sont les deux dump valve qui pschiitent à chaque levé de pied. :)
Sécurité
J'aime bien dire que le ressenti au volant de l'Elise est identique à celui d'un scalpel : précis, vif, tranchant, avec en plus un toucher de route inimitable. Pour l'Esprit on reste (sans jeu de mot ;) ) dans le même esprit : un toucher de route excellent avec de très bonnes remontées d'information dans le volant, vraiment typées Lotus. Par contre, là on n'est plus dans le scalpel, mais dans le couteau de boucher !! L'auto est à moteur central arrière ; elle est très agile malgré sa tonne 380, un vrai régal que de faire corps avec cette auto. On est assis très bas mais le pare-brise est très très grand, donc la vision extérieure et la luminosité dans l'habitacle sont très bonnes, amplifiées par la présence du toit en verre. Ceci dit, se garer ou reculer n'est pas de tout repos : auto très large et sans visibilité arrière à part une "meurtrière" et des rétros (de Citroën CX dernière génération).
La position de conduite est très allongée et, en ce qui concerne mon auto, située très à droite de la voiture... Eh oui, il s'agit d'une auto anglaise avec le volant à droite. Cela ne pose pas vraiment de problème de conduite, même au contraire, je dirais que c'est plus facile, car le conducteur est coté fossé. Ceci permet de se rendre compte d'où on pose les roues de la voiture quand on croise d'autres autos. Comme la voiture est très large, c'est très pratique.
Un des points noirs est le freinage très largement sous dimensionné pour une auto avec ces performances et de ce poids. Les étriers avant sont des Brembo quatre pistons (les mêmes que sur la Peugeot 406 coupé V6) et des deux pistons à l'arrière. Ils ne sont pas très efficaces et ne résistent pas à l'échauffement d'une conduite très sportive. Il faut attendre les versions 2000 pour avoir les gros freins AP Racing nettement plus efficaces et plus endurants, mais à 1300 € le jeu de disques avant, ça fait mal quand il faut les changer. Attention, je ne dis pas que l'auto est un piège sans freins. En utilisation normale et même en conduite rapide elle freine très très bien, et même mieux que la plupart des autos. Mais au vu des performances, il faut faire attention et toujours se garder une marge.
Mon auto a aussi une particularité, c'est qu'elle a le volant des Esprit V8 GT, sans airbag, mais nettement plus joli que cet immonde volant typé années 90 avec airbag et d'origine Pontiac. L'ABS est présent, mais se déclenche tard, ce qui permet de doser son freinage sans être perturbé.
Budget
Alors là, je ne sais pas si je vais vous sortir quelques chiffres pour cette auto. C'est une auto passion, donc on ne compte (presque) pas. Pour une belle Esprit bien entretenue avec un suivi irréprochable et une conduite à gauche, comptez 40-45 k€ pour en acheter une en Europe (si vous arrivez à en trouver : c'est un modèle rare avec moins de 1600 exemplaires produits). Pour une version anglaise dans le même état, comptez 25 k€ minimum.Le V8 est très sobre pour son niveau de performances. En effet, en conduite mixte, elle consomme du 13 litres/100 km. Sur autoroute à vitesse stabilisée aux alentours de 145 km/h, la consommation tourne autour de 17 l/100 km. Si on arsouille un peu sur petite route avec beaucoup de relances, on ne dépasse pas les 20 litres. Avec la présence de deux réservoirs de 37 litres, on peut tabler sur une autonomie comprise entre 400 et 500 km sans trop de problèmes. Par contre, ne regardez pas les rejets de CO2... on est supérieur à 350 g/km... si on possède encore ses catalyseurs. :-p Mais il faut rapporter ces chiffres "indécents" de nos jours, au nombre de kilomètres annuels, bien entendu très en-deçà de la moyenne.
En ce qui concerne l'entretien, il vaut mieux avoir un très bon mécano méticuleux et essayer de faire un maximum de choses soi-même. L'entraide entre propriétaires d'Esprit n'est pas qu'une image, surtout en Angleterre. Si vous passez par un des rares garages officiels Lotus, il n'est même pas sûr qu'il y ait un mécanicien formé pour intervenir sur l'Esprit et surtout la note sera très salée... Beaucoup de pièces sont issues de la grande série (rétro de CX, commodos intérieurs de 205, boîte de vitesse Renault, feux arrière de Toyota, etc.). De ce fait, avec de la patience et beaucoup de recoupements, il est assez facile de retrouver toutes les pièces nécessaires pour beaucoup moins cher que les tarifs officiels Lotus.
Le rapport prix/plaisir est donc sans commune mesure avec ses concurrentes de l'époque que sont : Ferrari F355, Porsche 911,... mais à condition de s'investir totalement dans la connaissance de son auto.
Qualité
L'Esprit est le fruit de 500 heures d'assemblage, réalisées par les ouvriers de chez Lotus. C'est une auto à part, faite artisanalement. les ajustements ne sont pas au niveau de qualité actuel, mais "who care ??". La carrosserie est en plastique et le châssis poutre en acier galvanisé. Pas de problèmes de rouille de ce côté-ci. Le côté électrique n'est pas exempt de surprises, avec une fiabilité aléatoire des périphériques (lève-vitres, commandes de clim, totalisateur kilométrique peuvent vous jouer quelques tours). Le moteur a eu des soucis d'étanchéité au niveau des chemises des pistons sur les modèles 96 et 97. En théorie tous repris en garantie par Lotus. C'est un moteur fiable mais qui demande impérativement d'être suivi tous les ans sur sa tension de courroie de distribution. De plus, il faut changer cette dernière tous les quatre ans. Opération longue et fastidieuse où il vaut mieux sortir le moteur pour travailler dans de bonnes conditions. J'ai eu un petit souci de démarreur. Le remplacer fut difficile, non pas du point de vue accès mécanique, mais plutôt pour en retrouver un à bon tarif (un bon mois de recherche a été nécessaire).Le point faible de l'Esprit est sa boîte de vitesse d'origine Renault. Elle est a ses limites de couple et de puissance admissible. Si on la brusque et qu'on utilise l'accélérateur trop brusquement en première, seconde ou cinquième, on a de grandes chances de faire de la "salade de pignon". Il faut savoir que la puissance et le couple du moteur ont été réduite par Lotus pour pouvoir s'accommoder de cette boîte. Dans sa configuration initiale, le V8 était sensé développer près de 450 chevaux.
Conclusion
Cette auto est un rêve de gosse. La voiture de James Bond... Une ligne à couper le souffle avec des phares "pop-up". Posséder et conduire une Esprit est justement un état d'esprit. Ce n'est pas la plus efficace, ni la plus luxueuse et encore moins la plus fiable des supercars des années 1990. Mais quel plaisir que de circuler à son bord, comme à bord d'une soucoupe volante qui se téléporte d'un virage à un autre.
Les plus Les moins Ligne à couper le souffle
Freinage peu endurant Moteur V8 exceptionnel Maintenance onéreuse Comportement routier Visibilité arrière réduite
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Dernière MàJ : 27/12/2010
